Cela va bientôt faire un an que la Chine a annoncé son Plan de développement de l’intelligence artificielle pour la prochaine génération. Son but est clair : être le leader mondial de l’IA d’ici 2030. Mais qu’en est-il vraiment, et quels sont les moyens mis en œuvre pour arriver à ses fins ?
Un retard pas encore comblé
Sans surprise, les plus gros concurrents de la Chine dans le secteur de l’IA sont les États-Unis. Malgré une politique de financement phénoménale, elle reste loin derrière eux. Eric Schmidt, président du conseil d’administration d’Alphabet, à qui appartient Google, annonçait l’année dernière que « les États-Unis resteront leader en IA les 5 prochaines années mais la Chine pourrait rattraper son retard d’ici à 2022. »
Sur quoi repose sa stratégie ?
Pour résumer les composants de la stratégie chinoise en IA reposent sur 4 piliers :
- Avoir les hardwares nécessaires (microprocesseurs, supercalculateurs, etc.) pour exécuter rapidement les algorithmes d’IA. Son but est de supporter ses champions nationaux en finançant des transactions permettant un transfert de technologie pour les entreprises chinoises. On peut notamment citer des entreprises comme Baidu ou la start-up Cambricorn qui fabriquent des microprocesseurs spécifiquement pour faire tourner les algorithmes d’IA.
- Accumuler les data nécessaires au fonctionnement des algorithmes de Big Data. Sur ce point la Chine a un avantage sur le reste du monde, elle dispose de 731 millions d’utilisateurs en ligne, soit deux fois la population américaine.
- Rechercher et développer de nouveaux algorithmes. A l’heure actuelle la Chine représente 20% des articles de recherche publiés en IA. D’ailleurs cela se confirme par la place prépondérante de la Chine dans les grandes conférences internationales (IJCAI, NIPS, ICML, KR, etc.). De plus en plus de sponsors de ces conférences sont des entreprises chinoises, la plupart du temps des BATX.
- Promouvoir un écosystème favorable à l’IA. Via ses « fonds d’orientation gouvernementaux », elle a déjà investi plus d’un milliard de dollars dans des start-ups locales, et elle cherche à avoir plus d’influence sur des grandes entreprises technologiques.
Les enjeux sociaux pour la Chine
Il ne faut pas croire qu’il n’y a aucune régulation sur la sécurité des données et les problématiques éthiques qu’elles impliquent en Chine. Beaucoup de chercheurs chinois appellent à la protection des données personnelles des utilisateurs, et s’inspirent de rapports internationaux pour réguler l’utilisation des data. Même s’il est clair que certains leaders chinois dans l’IA ne se soucient pas de ce genre de préoccupation, ce n’est pas le cas de tous.
Par ailleurs, l’apport économique que représente l’IA est évidemment la principale source des investissements chinois, mais ce n’est pas la seule. En effet, les applications militaires liées à l’IA sont de plus en plus nombreuses et peuvent permettre un avantage non négligeable en termes de sécurité internationale. Dans ce domaine l’IA crée de nouvelles possibilités de commandement et de déploiement de forces armées toujours plus équipées technologiquement.
En définitive, même si ce n’est pas le cas aujourd’hui, la Chine a toutes les cartes en mains pour devenir la première puissance mondiale dans l’IA ce qui lui permettrait de devenir incontestablement le pays le plus puissant du monde.